La nuit, ce moment qu’il préférait. Parce que les enfants, ces petits être gesticulants, bruyants et pleins de microbes, étaient au lit. Parce que les adultes étaient chez eux, à manger et faire semblant de intéresser à la journée de l’autre avant d’aller se mettre au lit. Parce que l’air devenait plus frais, plus propice à tuer tout les germes qui traînent dans la rue et que les oiseaux et autres bestioles ne sortent qu’avec prudence.
Bien sûr il y a également pleins de choses qui le repoussaient dans la nuit. Qui le forçaient à rester chez lui. Les assassins, les chouettes, la lune et les étoiles qui brillent trop fort (on peut mourir d’un coup de lune), les lucioles. Brr c’est à se demander ce qu’elles font sur la terre celles-là . Elles ne sont même pas assez intelligentes pour inventer un procédé efficace de survie. Cette manie de briller dans le noir, c’est comme si elle demandaient aux prédateurs « mangez-moi ! mangez-moi ! » Et puis, on ne brille pas dans le noir. Ce n’est pas normal. Point.
Bref, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Mais pourtant le voilà de sortie cette nuit. Caché derrière son grand manteau noir, seul la pointe verte de ses cheveux dépasse du col, et ses yeux, verts également. Il devait aller ramasser quelques plantes pour quelqu’un. Echange de bons procédés. S’il avait su ce que cette personne allait lui demander jamais il n’aurait accepté. Sortir la nuit, et dans cet endroit…il lui faudra au moins trois heures avant que la boue n’ai totalement quittée son corps.
Il en était là, perdu dans ses réflexions. A faire attention à ne pas marcher dans une bouse fraîche ou je ne sais quoi de pire encore. (Oui il y a pire que la bouse et non je ne vous dirai pas quoi.) Quand il entendit une question…
- Les éléphants sautent t-il ?
Aussitôt ses anciens réflexes resurgirent et il se prépara à courir. Arquant les jambes, les bras placés le long de son corps, il tourna lentement sur lui-même cherchant la source du problème. Car cela ne pouvait être qu’un problème. Forcément.
Ne voyant rien d’alarmant. Il se décida à répondre.
« Quand ils n’ont pas le choix. Il arrive qu’ils se retrouvent coincés sur des arbres et du coup pour descendre ils n’ont pas d’autre option. »
Tout en parlant il continua son petit bonhomme de chemin.