1 résultat trouvé pour invité

L’innocence d’une personne est surement la chose la plus vulnérable dans cette société. Elle est sans cesse remise en question par un nombre incalculable de personnes. A commencer par l’opinion publique. Cet ensemble de convictions et de valeurs partagés par la population. Ces jugements, et ces croyances. Ils sont des plus redoutables. Et pourtant, jamais réellement au courant de la réalité des choses. De la Vérité même. Mais qu’est-ce vraiment la Vérité ? Si ce n’est l’adéquation d’une idée, d’une pensée, avec ce qui est notre propre réalité ? Chacun a sa propre Vérité. Peut-on donc en vouloir à quelqu’un d’autre de ne pas avoir la même opinion que nous ? Non. Ils leurs manques des éléments. Ils ne savent pas tout, de ce qu'il s'est passé. Ils ne le connaissent même pas. Alors pourquoi est-il toujours autant irascible, même après avoir été blanchit par la Reine ?

Cet entrevu avec Victoria le chamboula un peu. Tout autant que la première fois qu'il l'a rencontra. Et il ne comprenait toujours rien des faveurs que lui accordait la famille royale. Devenir capitaine de la garde Royale était déjà étrange en soi, même si ça n’était que pour l’apparat. Il s’y était fait, depuis ces quelques mois. Mais cette fois, les intentions qui le concernait était mystérieuses et insaisissables. Redorer le nom des Addams ? qui s’était pour la plupart enfuit en France, pour on ne sait vraiment quelles raisons, à part l’appât du gain. Lui rendre une dignité ? Avec toutes ses accusations d’avoir tué et massacré l’ensemble de sa division durant une bataille, il était clair que de sombres pensées agitaient le beau peuple. Ou alors, voulait-elle simplement influencer l’opinion publique avant qu’elle n’éclate ?

Une fois cet entretient terminé, quoi qu’un peu impromptu, Phineas remercia les double Charles de l'avoir raccompagné vers la sortie, même s'il pensa bien que cela n'était certainement pas nécessaire. Le protocole. Encore et toujours. Il y était étranger, malgré le fait qu'il était habitué à beaucoup de cérémonial militaire. Il avait la fâcheuse impression de n’être qu’un objet dont on pouvait disposer à sa guise. Après tout, c’était lui qui avait décidé de servir la couronne. Mais il n’aurait jamais pensé un jour qu’il en viendrait à partager un thé et une discussion, ou plutôt un monologue, avec la reine. Il essaya malgré lui d’oublier ce qu’il venait de se passer et demanda un cab pour se diriger vers Camden Town. Une chance pour sa jambe meurtri, car cela aurait dépassé largement la trentaine de minutes à pieds. Armé de sa seule canne, il n’aurait surement pas été bien loin.

Il paya le cocher pour sa course et vint se diriger vers la librairie la plus proche. La clochette tinta au-dessus de sa tête quand il entra, et un frisson le prit. Il détestait attirer l'attention sur lui. Il baissa la tête légèrement, ne regardant aucune personne qui pouvait se trouver à l'intérieur, au cas où les gens chercheraient un contact visuel pour le saluer. Non. Il resta fermé. Hermétique. Il n'était pas là pour des rencontres.

La seule raison de sa présence dans cette librairie, c’était qu’il était en manque de lecture. Il n’avait pas touché à un livre depuis des années. Et s’en était seulement rendu compte le matin même de cette journée. Il avait alors parcouru les ruines de l’aile ouest, du manoir familiale qu’il estimait être en droit de reprendre. Tout avait été à l’abandon depuis son départ. Le temps et la nature n'avait pas fait des miracles. Les pièces qu'il avait côtoyé dans son enfance n'était plus que ruines. Souvenirs d'un passé presque envolé. Pourtant encore teinté de rancœur. Sa bibliothèque, réduite en poussière. Emily lui avait expliqué, les squatteurs et les pillards, qu'elle n'avait su faire reculer. Qu'elle n'avait osé approcher. Phineas ne lui en voulait pas. Un accident serait vite arrivé de toute manière.

En attendant, il n’avait plus rien. Passer le temps au manoir, quant il n’était pas réquisitionné pour des occasions royales, était de plus en plus difficile. Il lui fallait des loisirs. Mais pas n’importe quel loisir : se divertir tout en apprenant. Sinon c’était une perte de temps à l’abrutissement. Et comme il n’était pas d’un naturel bavard, il lui fallait aussi une excuse pour rester enfermé dans son cabinet.

Il décida alors de s’aventurer dans un rayon, sans vraiment savoir à quoi s’attendre. Il en prit un dont la couverture était rouge. Et pourtant, en l’ouvrant en plein milieu, il comprit aussi de quel genre il s’agissait. Un roman d’amour. Purement et simplement. A vrai dire, il refoulait toujours ce genre de chose. Comment pouvait-on être amateur d’une chose pareille ? Il lu quelques lignes, pour se rendre compte en effet que lui n’achèterait jamais ce genre de chose. Surement pour les femmes. Il continua sa lecture, se demandant ensuite plus précisément quel genre de personne pourrait écrire ce genre ? Surement pas des hommes. Il afficha un léger rictus de moquerie, s’imaginant un de ces dandys qui voulait être vue et reconnue par les belles femmes. C’était ridicule. Et pourtant, malgré lui, ses yeux étaient toujours entrain de suivre les mots qui défilaient devant lui. Simple hasard sans doute. Il ne regardait plus que les pages du livre, sans même prêter attention si quelqu’un était dans le même rayon que lui.

WORDS: 890
MUSIC:   Kevin MacLeod ~ Cryptic Sorrow
TAG: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
NOTES: xxx